Deus Ex Mankind Divided . Titre augmenté ?
En 2011, Deus Ex Human Revolution avait été une bonne surprise. Square Enix et Eidos ont eu la bonne idée de ne pas faire un reboot ni une suite directe aux épisodes précédents afin de se donner un peu de liberté avec le produit original. Il en a résulté un épisode intéressant, à la direction artistique travaillée et durant l’été 2016, un nouveau chapitre des aventures d’Adam Jensen est sorti en profitant d’une nouvelle génération de consoles.
Deus Ex Mankind Divided m’a bien occupé, et je voulais trouver le temps pour vous en parler.
Deus Ex Mankind Divided est une suite directe de Human Revolution et pour ceux qui n’auraient pas fait le premier épisode, de l’arc scénaristique de Adam, ou tout simplement pour ceux qui veulent une piqûre de rappel après 5 ans, le jeu propose un résumé plutôt bien monté avant d’attaquer la première mission. Cela permet de se remettre dans le contexte et n’impose pas de faire l’épisode précédent… mais faites le quand même hein, ce serait du gâchis !
Visuellement, le jeu en met plein la vue. La direction artistique est travaillée, cohérente, dense et fourmille de détails. Les effets de lumière et de particules donnent du volume et une ambiance toute particulière en fonction des zones où l’on se trouve. Bref, ça claque. Et il n’y a pas que le visuel qui soit dense, l’environnement aussi. On est loin des cartes énormes qui sont un des arguments marketing de certains jeux, mais on peut passer de grands moments à explorer les lieux qui nous sont proposés. C’est simple, on peux rentrer dans de nombreux bâtiments, de plusieurs façons, trouver de nombreux passages et cela participe grandement au gameplay, j’y reviens plus tard. Par exemple, lorsque je faisais une seconde fois le jeu, j’ai encore trouvé un appartement que je n’avais pas visité !
Et fouiller un peu partout, il va falloir s’y mettre si on veut grappiller un peu d’expérience, trouver des objets, découvrir des documents et des situations qui enrichissent le background du jeu. C’est au détour d’un couloir que je me suis rendu vraiment compte que l’écriture de ce jeu est intelligente. Je pénètre dans un appartement et découvre des cadavres. Pour celui qui ne cherche pas plus loin, ce n’est qu’une scène sanglante de plus dans un jeu de shoot, rien de bien original. Mais en fouillant l’appartement, c’est toute une histoire qui s’écrit et qui renforce l’atmosphère ambiante du titre.
Fouiller, chercher, encore et toujours, si on veut trouver des missions secondaires il faudra être à l’écoute et prêter attention aux e-mails lus ici et là. Les quêtes annexes, lorsqu’on les trouve, sont elles aussi intégrées dans l’environnement du joueur, donnant toujours plus de cohérence au titre. Comme cette collègue qui vous demande si tout va bien en entendant parler d’un grabuge proche de chez nous, sur lequel on peut enquêter. En revanche, il faudra penser à chercher les quêtes annexes entre chaque mission qui vous fera sortir de Prague, et même durant ces missions, et les remplir assez tôt sans quoi vous risquez de ne plus pouvoir l’honorer. Il est donc facile de passer à côté d’une quête jusqu’à ignorer son existence. D’autant plus que la mission principale va avoir un impact assez important sur le contexte, l’environnement et les contraintes qui nous sont imposées, ce qui justifie que certaines missions deviennent inaccessibles.
L’histoire n’est pas inintéressante et complète le premier épisode mais elle est écrite dans l’optique d’une suite et la porte ouverte est beaucoup trop entrebâillée. Résultat, on n’a pas l’impression d’avoir une vraie fin, trop peu de questions ont leur réponses, et beaucoup trop de questions sont ouvertes mais pas fermées durant le jeu. Frustrant. En fait, j’ai beaucoup ressentit le découpage en trois parties. Tout d’abord avec cette introduction qui replace Adam Jensen dans son contexte après les changements qu’il y a eu dans son histoire, puis cela découle plutôt naturellement sur la trame principale avec son déroulement qui se vit naturellement.
C’est dans la dernière partie, lorsqu’on s’approche de la conclusion, que j’ai ressenti un grand manque. On me fournissait pleins d’informations pendant la partie et en me doutant que la fin approchait, je savais que tout n’allait pas trouver de réponses dans cet épisode. De plus, la fin est brutale, avec un boss et une cinématique qui n’est qu’une succession de plans certainement mis bout à bout en fonction des actions qu’aura eu le joueur au cours de sa partie. Il en résulte une fin frustrante et décevante, un sacré contraste avec le reste de la partie. Dommage !
De plus, entre Deus Ex Human Revolution et Deus Ex Mankind Divided, il y a un trou de quelques années, et on ne sait quasiment rien. Les DLC proposés n’ont pas l’air de remplir ces périodes ni apporter plus de précisions sur la fin du jeu. Scénaristiquement, ce jeu a décidément l’intention de jouer avec la frustration du joueur ! À noter que, si j’ai bien suivi, la sortie d’un prochain Deus Ex n’est pas pour tout de suite. Marvel à signé un partenariat avec Square Enix et ce dernier a mis Eidos Montréal et Crystal Dynamics sur le coup, ce qui aura très certainement des conséquences sur les planning des équipes en charge des séries Deus Ex mais aussi… sig… Tomb Raider…
L’évolution de Adam est au cœur du jeu avec un arbre de compétences d’augmentations assez complet. Toutefois le jeu est réalisable sans en activer beaucoup voir pas du tout. Ne sachant pas ce qui me serait vraiment utile durant l’aventure, je mettais de côté des kit Praxis, les points de compétences nécessaires pour faire évoluer le personnage, et n’ai finalement développé de nouvelles capacités que vers la fin du jeu mis à part les très pratiques augmentations du saut et des bras pour porter des charges lourdes, des compétences passives bien pratiques pour se faufiler un peu partout.
La variété dans les capacités de Jensen et de son armement est suffisamment vaste pour donner une vraie palette de choix et laisser la réelle possibilité de jouer comme une brute ou non. J’ai privilégié la seconde méthode. J’avais toujours une arme de point en réserve dans mon inventaire si une situation finissait par vraiment dégénérer, mais j’ai finalement réussi à ne pas faire parler la poudre.
Plus tôt je vous parlait du level design dense et bourré de passages, ce qui, jumelé avec des choix d’optimisation du personnages variés, permet de nombreuses solutions pour chaque situation, plusieurs moyens d’arriver à ses fins, de fuir et de prendre l’ennemi par surprise ou tout simplement de l’éviter. Bref, chacun devrait trouver une manière de jouer qui lui conviendra.
En plus de l’histoire d’Adam Jensen, Deus Ex Mankind Divided propose un autre mode de jeu : Breach. Il s’agira ici de parcourir des petits niveaux afin de récupérer des informations dans un temps défini et sans succomber aux pièges qui nous feront face. On incarne ici un avatar virtuel mais à part l’aspect visuel, on retrouve le même gameplay que le scénario principal. L’avatar peut être lui aussi amélioré et il sera aussi possible d’utiliser certains objets valables le temps d’un niveau pour nous faciliter un peu la tâche. Concrètement, je n’ai pas beaucoup joué à ce mode, n’ayant pas spécialement accroché à son mélange entre puzzle et action que je trouve trop orienté action et pas assez puzzle.
Conclusion
J’ai beaucoup aimé Deus Ex Mankind Divided ! J’ai passé un super moment mais l’écriture est étrange, entre le vide scénaristique entre les 2 épisodes et les trop nombreuses questions restées en suspens, l’expérience est frustrante, je veux en savoir plus et la suite, ce n’est pas pour tout de suite. Et encore, répondra-t-elle à toutes ces questions ?
Bon, on est loin de la catastrophe scénaristique de Halo 5 qui ne raconte pas grand chose et sert surtout d’introduction. Non, ici, il y a quand même une histoire bien racontée et qui donne envie de s’y intéresser et donne à réfléchir, d’où le fort sentiment de frustration qui se dégage à la fin du titre.
En tout cas, le spectre énormes de possibilités permettant de mener à bien notre mission, l’ambiance et la direction artistique sont plus que convaincants et font de Deus Ex Mankind Divided un bon jeu, pas parfait selon moi, mais quand même très réussi.